À partir du 6 juin 2024, l’artiste Rozafa Elshan engagera pour la durée restante de l’exposition, HIC HIC SALTA, une transformation des lieux. Après avoir proposé un déploiement autour d’une inscription plastique ainsi que corporelle, nous aurons l’occasion d’assister à un prolongement de son installation.
Afin de faire pleinement expérience du dispositif, l’artiste tentera de transposer les mouvements spatio-temporels engagés sur le plateau et les planches vers un espace de documentation sur format A4. Elle offrira ainsi par ce choix une lecture plus concentrée et exhaustive d’un processus toujours en devenir.
En tant que vecteur et par le déploiement d’un dispositif propre, Rozafa Elshan tente de s'approcher d’une structure qui a constamment besoin d'être ré-inscrite depuis une certaine distance et profondeur. Elle n’est pas libre de construire des images depuis l’intérieur d’un appareillage, mais se préoccupe en permanence des conditions d’un travail qui sont encore à composer. Par différents ordres grammaticaux et rythmiques, le travail se penche sur la manipulation de ses propres structures et insiste à éprouver par le mouvement du corps-chercheur les possibilités et les limites, entre la structure à inscrire et le corps à charger, entre le rapport à soi et le rapport au monde.
Tout cela à une échelle sensible qui trouve son point d’équilibre au ras du sol d’un paysage quotidien, notre paysage, là où l’image se déploie depuis l'expérience d’un seuil précaire, qui ouvre et déplie le pas. Il y a là dans l’instant présent quelque chose d’insignifiant et d’anonyme qui arrive depuis le franchissement d’un écart pour produire un déséquilibre, une crise se rapprochant de l’artiste en mouvement. Ce qui va l'intéresser à elle, ce n'est pas la pesanteur des choses qui oblige à tourner autour d’elles, mais le Cercle lui-même. Un cercle qui est impossible à tracer, mais qui doit pourtant être tracé. Une fois qu’il l’a été, il disparaît et il faut aussitôt recommencer.[1] L’installation agit à chaque contexte comme une nouvelle variation et contrainte afin d’éprouver en boucle le saut, le sursaut. Car le seul moyen pour toucher selon elle à une forme de liberté et d‘autonomie semble être de parcourir en mouvement ce que nous détestons parcourir, tant le mouvement fait mal.[2] Tant le mouvement attaque les rigidités, les certitudes et les valeurs de la personne qui saute pour revenir sur le fil éclatant.
- Rozafa Elshan
[1] Latour, B., Enquête sur les modes d’existence, La Découverte, p.342.
[2] Ibid., p.342.