Production Komm... ech filmen dech! Cinq courts métrages réalisés à partir de la collection des films amateurs du CNA

 

 

 

 

A la demande du Centre national de l'audiovisuel, la cinéaste Geneviève Mersch a réalisé cinq courts métrages de chaque fois cinq minutes à partir de la collection des films amateurs archivés à Dudelange. 

Scénario et réalisation: Geneviève Mersch 

Montage: Pia Dumont

Musique: Jeannot Sanavia

Enregistrement musique : Charel Stolz 

Voix: Elsa Rauchs

Voix française de Johny Quaring: Marco Lorenzini

Enregistrement et mixage: Philippe Mergen

Production: Viviane Thill

Assistant production: Yves Steichen 

Archives films: Victor Pranchère, Céline Fersin, Jessica Schlungs

Etalonnage: Raoul Nadalet

Archives: Centre national de l'audiovisuel

Films de : François Jungblut – Clotilde Libeski-Muller – Michel Lorang – Raymond Munhowen - Johny Quaring - Mathias Quaring – Henri Sadler – Paul Simonis

Merci à: Marie-Louise Benoy – Marie-Louise Muller - France Dautrement-Munhowen – Jean Jungblut - Ann Muller - Ines Quaring – Pierre Sadler - Brijit Baldelli - Pascal Becker - Stéphane Caboche – Paule Dumont - Marion Feidt - Paul Lesch - Alessandra Luciano - Joseph Mersch – Suzan Noesen – Yasin Özen – Chloé Zigliana

 

En 2017, le CNA a contacté la réalisatrice Geneviève Mersch pour lui proposer une carte blanche en relation avec la collection des films amateurs archivés à l’institut. La demande était de réaliser un projet artistique à partir des images confiées au CNA par des déposants privés.

Le but était de valoriser cette très importante collection en la faisant connaître à un nouveau public.

En collaboration avec la monteuse Pia Dumont, Geneviève Mersch s’est donc plongée dans les films amateurs. Il en est résulté cinq courts métrages souvent enjoués, parfois mélancoliques, qui entraînent les spectateurs au début du 20e siècle, au temps des pionniers du cinéma amateur au Luxembourg: 

  • Le premier film « De Johny Quaring erzielt / Johny Quaring erzielt » (6’25) est à part. Un vieux monsieur commente les images filmées par son père. Ce film est né du désir de la réalisatrice de parler du temps qui passe. Pour cela, elle a utilisé uniquement les images de la famille Quaring, des images où on voit un petit garçon grandir, de deux ans à plus de vingt ans. Par chance, ce "petit garçon" avait commenté les images quand il avait 70 ans. On a décidé de garder le commentaire d'origine parce que Johny Quaring est décédé entretemps.
  • Le deuxième film « Wéi geet dat dann ? / Comment ça marche ? » (5’10) est le plus didactique. Il décortique la façon de filmer des pionniers du cinéma amateur.
  • Le troisième film « Wéi war et fréier ? / Comment c’était autrefois ? » (5’35) met en garde, avec humour, contre le risque de mal interpréter les images du passé et d’en tirer de fausses conclusions.
  • Les quatrième et cinquième films « Wat films de dann ? / Tu filmes quoi ? » (5’05) et « Firwat films de dann ? / Pourquoi tu filmes » (5’25) s’interrogent sur les sujets de prédilection des cinéastes amateurs et sur les raisons de leur passion.

Les cinq courts métrages sont à découvrir dès maintenant sur grand écran dans notre cinéma CinéStarlight avant la projection du film principal. 

 

Note de la productrice Viviane Thill (CNA)

Cela fait maintenant plus de 25 ans que le CNA collecte les films amateurs. L’initiative est née de la constatation que les témoignages filmés sur la société et l’histoire luxembourgeoise au 20e siècle sont rares, comparés à d’autres pays. Au Grand-Duché, le cinéma professionnel n’a pris son essor qu’au cours des années 1980 et bien que la télévision existe depuis 1955, il a fallu attendre 1969 et l’émission hebdomadaire « Hei Elei Kuck Elei » pour qu’elle relate de façon régulière l’essentiel de ce qui se passe à l’intérieur des frontières nationales.

Un nombre important de petits et grands événements historiques n’étaient donc pas couverts dans les films professionnels archivés au CNA, à commencer par la Seconde guerre mondiale. En 1994, le CNA a lancé un appel invitant les cinéastes amateurs à déposer leurs films ou ceux de leurs parents et grands-parents. En contrepartie, ils recevaient une copie de leur pellicule sur une cassette VHS !

Cet appel a eu un grand retentissement et a permis de redécouvrir des épisodes qui n’avaient certes pas été oubliés des historiens mais largement effacées de la mémoire collective faute d’images. Je citerais ici les nombreuses commémorations du 100e anniversaire de l’Indépendance en 1939, les destructions au sortir de la guerre, l’émouvant rapatriement en 1946 des corps des résistants assassinés dans le camp de Hinzert, le rôle méconnu joué par Tony Rollman dans la construction européenne, la foule amassée au passage du « dernier tram » en 1964 ou encore les manifestations des étudiants en 1971, mais aussi l’implication des Luxembourgeois dans l’entreprise coloniale belge ou l’existence de « villages noirs » présentés comme attractions de foire jusque dans les années 1930.

Très vite, et alors que ce n’était pas l’objectif premier de cette initiative, nous nous sommes cependant rendus compte que l’intérêt primordial des films amateurs ne se limitait pas aux moments historiques mais qu’ils témoignaient aussi et peut-être surtout de la vie quotidienne. Le CNA a essentiellement collecté jusqu’à présent des films tournés sur pellicule entre les années 1920 et les années 1980. La collection constitue ainsi un ensemble d’une richesse exceptionnelle sur le Luxembourg au 20e siècle. Ou plutôt sur la façon dont les cinéastes amateurs ont mis en scène leur vie sociale et familiale. Comme le remarque très justement Geneviève, on filmait surtout le dimanche et pour donner à voir une certaine idée du bonheur.

Personnellement, je n’aime pas les documentaires qu’on voit parfois à la télévision et qui utilisent les images amateurs pour exalter une nostalgie factice. Pour peu qu’on s’y intéresse, les images privées montrent certes des endroits et des modes de vie aujourd’hui disparus et elles donnent une idée de ce qu’était le Luxembourg au siècle dernier (essentiellement un pays où les habitants restaient entre eux et semblaient très attachés à leurs valeurs traditionnelles) mais elles révèlent aussi des failles, des énigmes, des émotions, des surprises. Plutôt que de dévoiler « la réalité » (on parle souvent, bien à tort, de « l’authenticité » des images amateurs), elles racontent des histoires, celle du cinéaste qui les a filmées, celles des personnes filmées, celles d’une communauté ou d’une localité mais aussi celles qu’imaginent les réalisateurs et les artistes qui s’en emparent aujourd’hui. C’est ce qu’a fait formidablement Geneviève Mersch, avec la complicité de la monteuse Pia Dumont. Ces images, elles ont essayé de les comprendre, de les situer, de les ordonner. Mais elles se sont aussi laissées emporter par elles. Les films qui sont nés ainsi posent un regard enjoué et plein de poésie sur les images amateurs conservées au CNA.

Pour terminer, je voudrais profiter de l’occasion pour remercier chaleureusement tous les déposants qui acceptent de confier leurs souvenirs personnels au CNA ! Grâce à leur générosité et à leur confiance, ces images d’un passé à la fois proche et lointain sont conservées et continuent à nous enrichir.

 

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