CinéStarlight  |  General Public  |  Special Event Séance spéciale: Maret

Place:
CinéStarlight - 1b, rue du Centenaire, L-3475 Dudelange
Dates:
On 12.06.2023 from 19:30 to 22:00
With:
Laura Schroeder

En collaboration avec Tarantula Distribution, nous vous proposons une projection spéciale du nouveau film de Laura Schroeder en présence de la réalisatrice.

Victime d'une amnésie partielle, Maret, 44 ans, enquête sur la personne qu'elle était avant de tout oublier.
Elle prend conscience des choix de vie qu'elle a fait, devenant peu à peu une personne résolument insatisfaite et malheureuse. Un médecin de l'île de Lanzarote lui propose de mettre un terme à ses troubles par le biais d'une chirurgie du cerveau : une promesse de paix intérieure et de satisfaction.
Mais Maret acceptera-t-elle de subir cette opération qui la priverait aussi d’une partie de sa personnalité ? 

 

ENTRETIEN AVEC LAURA SCHROEDER
Réalisatrice
Par Frédéric Mercier

Quelle est l’origine du scénario de Maret?Je me suis longtemps interrogée sur ce qu’il pouvait resterencore de nous si on oubliait notre passé. C’est la questionoriginelle, à la base de ce scénario. En l’absence de réponsej’ai investigué, notamment sur le volet scientifique.

Qu’avez-vous découvert? Comme beaucoup de gens dans notre société, j’ai grandi avecl’idée que la psychanalyse pouvait régler par la parolede nombreux problèmes. Or, j’ai appris, notamment grâceà un neurochirurgien, que pour une partie du mondescientifique, beaucoup de troubles avaient une origine organique.Il suffit désormais de pousser un bouton pour réglerde nombreux problèmes. J’ai découvert ce qu’on appellela stimulation du cerveau profond. C’est de là qu’est venuun des axes du film consistant à s’interroger sur la possibilitéde devenir quelqu’un d’autre par les moyens de la science.Si cela devient possible, reste encore la volonté de faire appelà ces moyens. Est-ce que nos blessures ne sont pasune partie constituante de notre personnalité? Est-ce qu’onaccepterait de vivre sans nos douleurs?

Maret est-il un film de seconde chance? Non, je ne voulais pas faire un film sur un personnage qui seréinvente dans un pays étranger en changeant de métier,par exemple. Ce qui m’intéresse, ce sont les choix. Nous effectuonstous un parcours dans notre existence. Si tout cela étaitou pouvait être annulé, quelle serait notre réaction?Comment poursuivre le parcours? Ce qui m’intéresse le plus,c’est de tenter de comprendre pourquoi on choisi une manière de vivre plutôt qu’une autre. Comme Maret,nous sommes souvent tiraillés entre deux pôles:d’un côté une existence rangée, plutôt calme et de l’autre,une vie plus agitée.

La base scientifique du film est-elle véridique? À 90%, oui. Ce n’est absolument pas de la science-fiction.Néanmoins, ce que Maret fait à la fin de cette histoiren’existe actuellement qu’au stade expérimental. À ce jour,la stimulation du cerveau profond est utilisée surtoutpour des maladies aux fonctions motrices comme Parkinson.Mais, de nombreuses expériences tentent égalementd’en saisir les effets sur tout ce qui trouve son originedans le cerveau, comme l’épilepsie, l’anorexie, la dépression...Bref, nous avons fait en sorte de mettre en lumièrece qui n’existe actuellement que de façon souterraine.

Pourquoi avoir choisi d’installer toute une partie de l’actionsur l’île de Lanzarote dans l’archipel des Canaries ? Quand j’y suis allée pour la première fois en 2016, j’avais déjàdes bribes de cette histoire en tête. Je savais que monpersonnage devrait se rendre vers une destination lointaineet différente de là où il avait toujours vécu. En découvrantcette île, ça m’a paru une évidence. Ce paysage est aride,désertique, volcanique, dépourvu d’arbres et recouvertde sable noir. Il y a un véritable fossé avec l’Allemagne.J’ai songé àParis Texas, à Antonioni, à Maret perduedans ce paysage inhospitalier. J’aime la lumière de l’île:sur Lanzarote, le temps s’est arrêté, il y a quelque-chose de «vintage», un temps révolu, en contraste totalavec la modernité de la science.